Les protagonistes
La rencontre a lieu au château de Chillon.
Elle : historienne qui vient regarder dans les collections. Elle emporte toutes ses affaires dans son sac, pour être sûre de ne manquer de rien et a tendance à se rendre utile, même si on ne lui demande pas. Elle cherche quelqu'un de réservé, mais qui s'enflamme sur des sujets précis et qui est tolérant.
Lui : en service civil, homme à tout faire au château. Il nettoie régulièrement ses lunettes et note les rdv et tâches minutieusement dans son agenda. Il cherche quelqu'un de détendu, qui ne se prend pas trop au sérieux. Quelqu'un qui rougit quand elle rit risquerait de le faire craquer.
La rencontre
A l'heure d'ouverture du château, il abaisse le pont-levis et discute avec la personne qui s'occupe de l'accueil. Une dame arrive, elle porte un sac gigantesque, elle cherche longuement à l'intérieur jusqu'à ce qu'elle puisse produire son formulaire officiel. Le civiliste finit de nettoyer ses lunettes, il lui demande si c'est elle qui doit venir voir les collections et propose de l'aider. Ils discutent en marchant, il l'accompagne jusqu'à la pièce où se trouvent les archives. Ils se retrouvent plus tard. Ils discutent de leurs études respectives. Elle finit par lui proposer de passer une partie de l'après-midi avec elle dans les archives.
Une fois, j'ai dû faire un remplacement en maths, mais j'angoissais complètement, car je ne comprenais plus rien à ces formules. J'avais tout oublié. Elle a pu m'aider, elle se souvenait de tout, hop les fractions, les racines, et tout ! Elle expliquait bien. J'ai réussi à bluffer les gamins. Elle était douée, dans tout, mais ne se mettait pas pour autant en avant.
Au début, j'avais peur de me lancer dans cette relation, car je n'aime pas les gens qui ne savent pas ce qu'ils se veulent. Il était jeune et avait de la peine à trouver son chemin. Une fois, on est montés au sommet du clocher d'une ville médiévale. Il a commencé à me parler avec passion de ses cours d'archéologie urbaine. Ça m'a rassurée de savoir qu'il pouvait être passionné et je me suis lancée à corps perdu.
J'avais parfois peur d'exagérer, de m'emporter trop violemment, de l'offenser.
Elle devait souvent faire des recherches à l'étranger, des fois on ne se voyait pas pendant plusieurs jours. Une fois, je me suis incrusté ni vu ni connu avec elle. On était hébergé dans les combles d'un vieux bâtiment, à peine mieux qu'une grange. On avait passé une semaine tout le temps ensemble, c'est un souvenir fort.
Qu'est-ce qui vous avait particulièrement marqué ?
Je n'avais aucune obligation, j'avais tout mon temps et j'ai pu l'employer pour juste être avec elle !
Je me souviens de la première fois qu'on s'est dit « Je t'aime ». Un après-midi lors d'un voyage, il a décidé de se prendre pour un guide touristique et m'a emmenée voir des ruines et il racontait n'importe quoi. Je riais tellement que j'en avais mal au ventre. Et entre deux éclats de rire, c'est sorti comme ça, sans crier gare, : « je t'aime, nigaud. »
Plus tard, il m'a dit que ce ne serait pas toujours facile, avec nos deux caractères.
Après une sieste sur la banquette arrière de sa voiture, je ne trouvais plus mes lunettes. J'ai dû démonter l'ensemble de la voiture, j'ai cherché partout ! Après, je l'ai entendue rire, elle avait retrouvé mes lunettes dans son sac. Je me suis senti très vulnérable : j'ai toujours eu une peur irrationnelle de devenir aveugle, alors j'ai besoin de mes lunettes. Qu'elle soit impliquée... je me sentais pas bien, ça faisait ressortir des sales trucs. Mais je n’ai rien dit.
La première fois où je l'ai vu s'énerver, lui qui était si placide, c'était quand un pote lui a offert un vol en planeur. Il a été malade et en sortant de l'avion il a hurlé, parce que l'ami n'avait pas arrêté alors qu'il était mal. C'était horrible, ça m'a choquée de le voir comme ça.
Mon pote a fait n'importe quoi, il prenait ses virages comme un fou en riant alors que je lui disais d'arrêter. Il me ridiculisait devant ma copine. D'ailleurs, il m'avait souvent fait des remarques sur elle. J'ai explosé.
J'ai reçu une invitation, après la fin de mon service civil, à participer aux grillades annuelles du château où l'on s'était rencontrés. Je lui ai proposé de venir avec moi. On a fait le tour en se souvenant de notre première rencontre. Mais elle n’était pas dans le truc, on aurait dit qu'elle s'en foutait, que ça l'embêtait de parler du passé. J'avais de la peine à entrer en communication avec elle.
J'ai rompu avec lui précipitamment. Un soir, on est sorti avec un de ses potes (celui du planeur d'ailleurs). Ils sont partis en noce. Le mec a été détestable avec moi, il me cherchait. Au bout d'un moment, mon copain s'est énervé et lui a de nouveau hurlé dessus comme un forcené. J'ai rompu. C'est exclu de vivre avec quelqu'un qui s'énerve comme ça. C'est inacceptable.
Après, il m'a expliqué que c'était à cause du pote, qu'il ne se reconnaissait pas, qu'il ne comprenait pas pourquoi il avait fait ça.
On a eu des discussions, mais c'était déjà foutu. On est allé se promener en forêt, je lui ai dit que cela ne serait jamais dirigé contre elle, qu'elle ne devait pas se faire de soucis. Cela ne lui convenait pas. C'est vrai que j'avais des réflexes un peu primitifs, mais je n’osais pas lui dire... Elle ne me regardait déjà plus, le ruisseau semblait l'absorber... c'était mal barré.
Épilogue
C'est le premier jour de travail du nouveau collaborateur du château. À son arrivée, il apprend qu'aujourd'hui, une historienne vient voir les collections. Il l'attend à l'accueil. En arrivant, elle lui serre la main et se présente, il fait de même, poliment. Elle connaît l'emplacement des archives. Il lui donne la clé et lui souhaite une bonne journée. La personne de l'accueil leur jette un drôle de regard, puis accueille les premiers visiteurs de la journée avec un air convivial.
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